Les Élus – Veronica Roth

Ce que j’en ai pensé :

J’ai plongé la tête la première dans ce roman, et il m’a happé de bout en bout !

Ce qui m’a attiré dans le pitch, c’est l’idée de départ, celle de regarder les héros de nos histoires sous un angle différent. C’est vrai qu’on ne se demande jamais ce qui se passe une fois que le monde est sauvé, une fois que le héros a rempli son rôle… Comment se passe la vie de tous les jours pour ces héros ? Je crois que le seul roman que j’ai lu qui se penchait un peu sur la question, c’est la saga de l’Assassin Royal de Robin Hobb, puisqu’on suit son personnage principal dans un second cycle, bien longtemps après le premier.

Ce qu’on découvre avec ce livre, c’est que les Élus sont avant tout des ados ordinaires qui, après avoir été identifiés à l’aide d’une prophétie, ont tout quitté du jour au lendemain pour aller s’entraîner à combattre l’ennemi de l’humanité. Comme tous les héros, ils n’ont rien demandé à la base… et même après avoir triomphé, ils aimeraient bien redevenir monsieur et madame tout le monde. Sauf que… la célébrité les suit partout, ainsi qu’un paquet de traumas dont ils ne se remettront probablement jamais. Voilà qui les condamne à rester entre eux pour le reste de leur vie car les autres, les gens normaux, ne peuvent pas vraiment les comprendre… Le monde a repris son cours normal, mais dans un sens, une part de l’esprit des Élus est toujours dans le passé.

Comment on fait pour se remettre de ça ? Des horreurs qu’on a vues ? Et de celles qu’on a faites ?

C’est déjà, je trouve, un point de départ intéressant à explorer, et l’autrice développe bien cette thématique pendant tout le roman. Et pour y ajouter encore plus d’angles peu abordés dans d’autres œuvres, Veronica Roth a choisi de raconter son histoire du point de vue d’un Élu en particulier : Sloane. Une jeune fille qui, on le comprend très vite, ne correspond pas vraiment à l’image d’une héroïne glorieuse pleine de bons sentiments. Au contraire, Sloane est pleine de colère, de rage, de ressentiments, d’angoisse. Et elle a de lourds secrets à cacher…

C’est donc un tableau assez sombre que l’autrice dévoile peu à peu, loin des prophéties enchanteresses dans lesquelles un jeune élu se découvre de supers pouvoirs et finit par triompher du Mal grâce à sa bonté d’âme et ses talents exceptionnels. Et c’est exactement ce que j’ai apprécié dans ce roman : ce côté hyper réaliste, qui montre la face cachée, l’envers du décor, et qui rend la situation des héros bien peu enviable finalement. Ils sont seuls, tristes et brisés par leur confrontation avec le Mal… même si sur le papier, ils ont gagné.

Ces choses-là se géraient de la même façon que le froid lorsqu’on n’a pas mis un manteau assez chaud : on se laisse traverser par le froid sans chercher à lutter jusqu’à ce qu’il nous transperce les os, jusqu’à ce qu’on ne le sente plus.

Au fond, l’histoire est, comme souvent en fantasy, une quête initiatique dans laquelle l’héroïne doit accepter de plonger dans ses propres ombres pour y trouver de la force et enfin s’accepter telle qu’elle est. Pour cela, Veronica Roth sait comment captiver le lecteur et l’emmener exactement là où elle le veut : au fil des pages, elle nous plonge un peu plus profondément dans la tête de Sloane, dans la compréhension des évènements qui l’ont façonnée.

Autre élément intéressant dans ce roman, c’est la manière dont la magie fonctionne, est perçue et utilisée. L’univers dans lequel se déroule l’histoire est proche du nôtre : c’est comme si demain, la magie apparaissait dans nos vies sans qu’on puisse contester son existence, mais sans non plus qu’on la comprenne totalement. Ça donne une approche assez scientifique de l’étude de la magie, et ça permet de s’imaginer comment le monde y réagirait.

Bref, je crois que tu as compris : le fond m’a convaincu ! Et pour la forme, la sauce a pris aussi 🙂 J’ai bien aimé l’alternance entre les passages narratifs et les extraits de documents confidentiels, de livres ou de journaux. Ces éléments donnent des informations importantes pour la compréhension du monde dans lequel se déroule l’histoire, et les découvrir avec un format un peu différent, ça m’a beaucoup plu !

Pour couronner le tout : quel plaisir de se plonger dans une histoire de fantasy avec une vraie fin, en un seul tome ! (bon, le doute subsiste quand même car s’il n’y a rien indiqué sur la couverture, mais sur internet il est écrit partout « tome 1 ». La fin de suffit à elle-même, mais il est clair que l’univers peut se prêter à d’autres aventures…)

Si comme moi, l’idée d’explorer la psyché des héros après leur victoire contre le Mal t’intéresse, alors ne passes pas à côté de ce roman sombre et captivant !

En quelques mots :

• Une héroïne marquée par des traumas (vaincre l’Obscur ne laisse pas indemne!)
• Un univers réaliste, proche du nôtre, où la magie côtoie l’ordinaire
• Un roman rythmé et riche en rebondissements
• Une quête initiatique sombre et captivante !