Les dix mille portes de January – Alix E. Harrow

Ce que j’en ai pensé :

Il est assez difficile de qualifier ce livre et ce que j’ai ressenti au fil des pages, car cette lecture a eu un goût tout particulier pour moi.

Parce qu’il y a quelque chose qui a touché à une part d’enfance, celle de l’amoureuse de livres. Celle qui rêve de portes qui donneraient sur d’autres mondes, avec leurs mystères, leurs propres règles, leurs possibilités. Celle qui crois au merveilleux, celle qui crois que l’imagination n’a pas de limites. Celle qui pense, aujourd’hui encore, qu’écrire est un pouvoir magique, qu’il peut ouvrir des portes entre les mondes et toucher l’autre au plus profond.

Alors oui, cette lecture n’est pas parfaite. Je n’ai pas tout à fait réussi à m’attacher aux personnages, je les ai souvent trouvés soit survolés, soit un peu trop caricaturaux dans leurs comportements. L’intrigue est assez classique et il y a peu de rebondissements et de surprise.

Mais il y a une sorte d’enchantement à déambuler dans cet univers aux côtés de l’héroïne. Et c’est ce charme, cette ambiance qui m’ont séduit. Et je crois que j’aime tout simplement les héros qui se cherchent, qui découvrent et qui embrassent qui ils sont au cours de l’aventure. Et c’est exactement le coeur de cette histoire.

Dès le départ, la vie de January n’est pas des plus faciles : certes, elle est élevée dans le luxe et dispose d’un très bon confort matériel. Elle vit dans un environnement protégé, dans lequel elle n’est que peu confrontée aux regards extérieurs et aux jugements sur son statut de femme racisée. Et pourtant, January est extrêmement seule : chaque départ de son père vers une nouvelle destination, sans elle, est vécu comme un nouvel abandon. Chaque journée est une lutte contre elle-même, dans le but de se conformer à ce que son bienfaiteur attend d’elle : être sage, respecter les convenances, se taire, arrêter de penser. C’est une cage dorée qui l’enferme année après année dans un carcan qui devient de plus en plus lourd à porter, jusqu’au jour où… January découvre un livre tout particulier, qui lui apprend d’où elle vient et l’aide à découvrir qui elle est, derrière le masque, derrière les convenances.

Le roman m’a aussi plu pour ça : ce double récit entre le livre que découvre January, et sa propre histoire à elle. La double narration apporte du rythme, donne des perspectives, attise notre curiosité. Malgré les petits défauts du roman, mon intérêt est donc resté intact jusqu’au bout.

Les mondes n’étaient pas censés être des prisons, des lieux clos, suffocants et sûrs, mais de grandes maisons pleines de coins et de recoins, de fenêtres ouvertes à tous les vents et aux averses d’été, de passages magiques au fond des placards et de trésors secrets cachés dans leurs greniers.

En conclusion, une jolie lecture qui a réveillé une part d’enfance chez moi : une fascination pour les portes et les mondes qu’elles renferment, ainsi que pour la quête d’une jeune fille qui se cherche… et finit par se trouver.

En quelques mots :

• Un roman d’aventure autour de la thématique des portes et des passages entre les mondes
• Un récit qui parle du passage de l’enfance à l’âge adulte
• Une double narration habile avec un roman dans le roman
• Un hommage au pouvoir des mots, pour tous les amoureux des livres
• Malgré quelques défauts, un roman intelligent qui ne laisse pas indifférent